Antier noche
Alberto Martín Menacho, Espagne, Suisse, 2023o
Juan Francisco, âgé de douze ans, habite dans un village du sud de l'Espagne, un lieu entouré de chênes millénaires et de panneaux solaires. À travers la chasse avec des lévriers, l'enfant découvre la relation étroite qui unit les humains et les animaux. Santi et Antonio font partie de la jeunesse et d’une modernité qui cohabite avec les plus anciennes des traditions. Pepa est une jeune maman qui travaille comme saisonnière à l'abattoir. Par le portrait choral de ces jeunes se dévoile un territoire fait de lièvres et d’ânes, d’histoires d’amour, d’incendies et de rave-parties.
La vie à la campagne n'est pas magnifiée dans Antier noche, pas plus qu'elle n'est opposée au mode de vie moderne, urbain et consumériste de la majorité de la population dont elle serait le versant romantique. Le documentaire tourné en Estrémadure, dans le sud-ouest de l'Espagne, par le réalisateur Alberto Martín Menacho, natif de Madrid passé sur les bancs de la Haute école d'art et de design de Genève, dresse néanmoins le portrait assez poétique d'un milieu cloisonné, majoritairement paysan, avec ses nombreuses règles internes, ses rythmes propres et ses routines quotidiennes. Non seulement quatre jeunes gens, dont le film raconte le présent et les rêves d'avenir, en sont les protagonistes, mais aussi plusieurs animaux : des ânes, des chiens, des lapins, des vaches, des moutons et des cochons. Bien que le film, qui a rencontré un certain succès en festivals, relève en grande partie de l'observation ethnographique, Antier noche ne dissimule pas ses éléments mis en scène : ainsi, il commence logiquement par une situation de casting (oui, cela existe aussi dans le documentaire), au cours de laquelle des protagonistes « réels » répondant aux critères sont auditionnés pour le film. L'ambition artistique du documentaire est perceptible – notamment dans l'usage récurrent de téléobjectifs, qui accentuent la séparation des personnages de leur arrière-plan (flou), ou dans les élégants mouvements de caméra. Parfois même un peu trop.
Till BrockmannGalerie photoso
